Ipromptisme : Comprendre et anticiper le nouvel illettrisme de l’ère de l’IA générative
À l’heure où l’intelligence artificielle générative s’impose dans tous les pans de la société, un nouveau terme fait son apparition : ipromptisme. Inventé par Romain Bailleul, ce néologisme désigne l’incapacité à formuler des requêtes efficaces auprès des IA, à l’image de l’illettrisme ou de l’innumérisme pour la lecture ou le calcul. L’ipromptisme s’annonce déjà comme un enjeu majeur de la capacité à utiliser efficacement l’intelligence artificielle du XXIe siècle. Mais que recouvre exactement ce concept ? Quels sont ses impacts potentiels sur la société, l’éducation, le monde du travail ? Et comment anticiper ce nouveau défi pour éviter qu’il ne creuse davantage les inégalités numériques ? Plongée prospective dans un phénomène appelé à façonner notre rapport à la technologie.
Qu’est-ce que l’ipromptisme ? Origine et définition
Un néologisme pour un nouveau défi
Le terme ipromptisme a été forgé par Romain Bailleul, expert en innovation et transformation digitale, pour désigner la difficulté, voire l’incapacité, à interagir efficacement avec les intelligences artificielles génératives via des instructions textuelles ou vocales, appelées prompts. À l’instar de l’illettrisme (difficulté à lire et écrire) ou de l’innumérisme (difficulté à comprendre et utiliser les nombres), l’ipromptisme s’inscrit dans la lignée des nouveaux illettrismes numériques.
“L’ipromptisme, c’est l’incapacité à dialoguer avec l’IA, à formuler des requêtes pertinentes, à exploiter tout le potentiel des outils génératifs. C’est un nouveau fossé qui se creuse, entre ceux qui savent prompter et les autres.”— Romain Bailleul, romainbailleul.fr
Pourquoi ce terme aujourd’hui ?
- Explosion des IA génératives : ChatGPT, Gemini, Copilot, Midjourney… Les IA génératives se démocratisent à grande vitesse, dans l’éducation, l’entreprise, la création artistique, la santé, etc.
- Centralité du prompt : La qualité des résultats produits par l’IA dépend directement de la formulation du prompt. Savoir prompter devient une compétence clé.
- Nouveau fossé numérique : Comme l’illettrisme au XXe siècle, l’ipromptisme pourrait devenir un marqueur d’exclusion sociale et professionnelle.
Les racines de l’ipromptisme : entre culture numérique et fracture sociale
Un manque de culture numérique
L’ipromptisme prolonge les difficultés déjà bien connues autour de la culture numérique. Selon l’INSEE, près de 17 % des Français sont en situation d’illectronisme, c’est-à-dire qu’ils peinent à utiliser les outils numériques de base. L’arrivée des intelligences artificielles génératives complique encore la donne : il ne suffit plus de savoir naviguer sur un ordinateur ou un smartphone, il faut désormais apprendre à dialoguer efficacement avec une IA. Un nouveau fossé numérique est en train de se creuser.
Un enjeu d’inclusion et d’égalité des chances
- Inégalités d’accès : Les personnes peu à l’aise avec le numérique risquent d’être exclues des bénéfices de l’IA.
- Effet d’amplification : Les écarts de compétences se creusent entre ceux qui savent prompter et les autres.
- Risque de dépendance : Les “ipromptistes” deviennent dépendants de solutions prêtes à l’emploi, sans capacité d’adaptation ou d’innovation.
Ipromptisme et société : quels impacts à court, moyen et long terme ?
1. Sur l’éducation
L’école face au défi de l’intelligence artificielle
L’école a longtemps combattu l’illettrisme. Aujourd’hui, elle fait face à un nouvel enjeu : apprendre aux élèves à interagir efficacement avec les intelligences artificielles. Maîtriser cet échange, c’est savoir formuler une requête claire, structurer sa pensée et expliciter un besoin – autant de compétences devenues indispensables dans un monde où l’IA s’intègre à tous les métiers.
Exemples d’initiatives concrètes :
- Intégration de modules sur l’usage de l’IA dans les programmes scolaires.
- Ateliers de prompt engineering dès le collège.
- Création de ressources pédagogiques pour former les enseignants.
Le risque d’un nouvel échec scolaire
Sans accompagnement, l’ipromptisme pourrait devenir une nouvelle forme d’échec scolaire, touchant en priorité les élèves issus de milieux défavorisés ou éloignés du numérique.
2. Sur le monde du travail
De nouveaux métiers, de nouvelles compétences
La maîtrise du prompt devient un atout différenciant sur le marché du travail. Les entreprises recherchent des profils capables d’exploiter pleinement les IA génératives, que ce soit pour la rédaction, la création, l’analyse de données ou la gestion de projet.
Nouveaux métiers émergents :
Prompt engineerFormateur en IA générativeCoach en interaction homme-machine
- Prompt engineer
- Formateur en IA générative
- Coach en interaction homme-machine
Un risque d’obsolescence des compétences
Les salariés “ipromptistes” risquent de voir leur employabilité diminuer, faute de pouvoir s’adapter aux nouveaux outils. La formation continue devient indispensable pour éviter l’exclusion.
3. Sur la société dans son ensemble
Un enjeu démocratique
L’ipromptisme pose la question de l’accès égalitaire à l’information, à la culture, à la participation citoyenne. Si seuls certains savent interagir avec l’IA, le risque est grand de voir émerger une société à deux vitesses.
Un défi pour les politiques publiques
Les pouvoirs publics doivent anticiper ce nouveau fossé numérique, en investissant dans la formation, l’accompagnement, la médiation numérique.
Prospective : à quoi ressemblera l’ipromptisme en 2030 ?
2025-2030 : Vers une prise de conscience collective
- Intégration dans les programmes scolaires : Des modules de “PromptingIA” apparaissent dans les écoles pionnières.
- Certification des compétences en prompt : Les entreprises valorisent la maîtrise du prompt dans leurs recrutements.
- Développement d’outils d’assistance : Les IA elles-mêmes proposent des suggestions de prompts ou corrigent les requêtes maladroites.
2030 et au-delà : Vers une société “prompt native” ?
- Disparition progressive de l’ipromptisme : Comme l’illettrisme, l’ipromptisme recule grâce à l’éducation et à l’accessibilité.
- Nouvelles fractures : D’autres formes d’illettrisme numérique émergent (ex : incapacité à interpréter les réponses de l’IA).
- Éthique et inclusion : Les politiques publiques s’emparent du sujet pour garantir l’égalité des chances face à l’IA.
Comment lutter contre l’ipromptisme ? Stratégies et recommandations
1. Former massivement à l’art du prompt
- Éducation nationale : Intégrer la formation au prompt dans les cursus scolaires, du primaire à l’université.
- Formation professionnelle : Proposer des modules de formation continue pour les salariés, les demandeurs d’emploi, les seniors.
- Médiation numérique : Développer des ateliers, des MOOC, des guides pratiques accessibles à tous.
2. Sensibiliser le grand public
- Campagnes d’information : Faire connaître le phénomène et ses enjeux via les médias, les réseaux sociaux, les associations.
- Valoriser les compétences : Reconnaître et certifier la maîtrise du prompt, via des badges, des diplômes, des référentiels de compétences.
3. Développer des outils d’assistance
- IA pédagogiques : Créer des IA capables d’accompagner les utilisateurs dans la formulation de leurs prompts, de corriger leurs erreurs, de proposer des suggestions.
- Interfaces inclusives : Concevoir des interfaces intuitives, accessibles, adaptées aux publics en difficulté.
4. Favoriser la recherche et l’innovation
- Études et expérimentations : Soutenir la recherche sur l’ipromptisme, ses causes, ses conséquences, ses remèdes.
- Partenariats public-privé : Impliquer les entreprises, les universités, les associations dans la lutte contre l’ipromptisme.
Les risques de l’ipromptisme non traité
- Exclusion sociale et professionnelle
- Perte de compétitivité pour les entreprises
- Renforcement des inégalités numériques
- Dépendance accrue aux solutions automatisées
- Difficulté à exercer sa citoyenneté dans une société numérisée
Conclusion : L’ipromptisme, un défi collectif pour la société de demain
L’ipromptisme, concept inventé par Romain Bailleul, n’est pas une fatalité. Comme pour l’illettrisme, la société peut s’organiser pour réduire ce nouveau fossé numérique. La clé ? Éducation, inclusion, innovation. Maîtriser l’art du prompt, c’est s’assurer une place active dans la société de demain. Il est urgent d’agir, collectivement, pour que l’IA soit un facteur d’émancipation, et non d’exclusion.
Et vous, êtes-vous prêt à relever le défi de l’ipromptisme ?
